posté le 08-10-2010 à 15:25:41
VENDANGES A BANYULS SUR MER
Bonjour à toutes et à tous et je vous remercie de votre fidélité car depuis quelques jours je n'ai rien écrit sur le blog. La raison en est simple, je me suis cassé le poignet droit le 21 août et depuis je porte une athèle qui m'empèche d'écrire ; aujourd'hui çà va mieux voilà pourquoi je vais vous raconter cette histoire de "vendanges à Banyuls" que Jérôme Margail avait notée sur ses cahiers. C'est une histoire bien lointaine mais, laissons parler Jérôme, il a tellement de talent.....
Souvenir d'un sorédien Auguste Aspard dit "Guta".
Dans ce souvenir je vais vous faire revivre les vendanges à Banyuls sur mer par des sorédiens à une époque où la vie était bien rude mais où l'esprit social était plus à l'honneur que de nos jours.Cette histoire m'a été racontée par des personnes qui avaient vécu cette époque, avec des hommes que je ferais revivre dans ces vendanges avant 1900.
Le principal acteur sera donc le brave Gusta que j'ai connu au début de ma vie d'adulte et dont j'appréciais le tempérament, il était agé mais avait su garder une certaine philosophie agréable au contact des jeunes. Nous l'aimions beaucoup et il savait nous comprendre en s'adaptant à nos rires, nos chansons et nos amusements de jeunesse, quelquefois un peu exaltée.
ancienne forge vers la Vallée Heureuse à Sorède.(La farga)
La famille de Gusta était venue se fixer à Sorède pour travailler dans leur métier de "fargaïre" ou forgeurs qui consiste à la fabrication du fer extrait du minerais se trouvant dans la montagne de Sorède et que l'on traitait dans la forge catalane(cette forge est en cours de restauration et on peut la voir en allant à la "Vallée Heureuse")
Ce travail a disparu petit à petit, les gisements de fer n'étant plus rentables, tout tomba dans l'abandon.
vigne de banyuls
Gusta, avait deux frères, l'ainé Martin ou Marti et le cadet Pierre, celui ci était plus connu par le surnom de "el nin petit). Leur père Pierre, pour les sorédiens vu sa profession "en Père de la Farga".
Donc Gusta était pour nous "en Gusta d'en Père de la Farga" qui tout jeune travaillait dans la montagne soit au transport du bois de charronage soit à l'abattage des arbres pour le charbon de bois, toujours de travaux pénibles pour finalement et celà jusqu'à sa mort travailler comme ouvrier viticulteur. En quelques lignes, nous avons fait la connaissance de ce brave homme et nous allons le retrouver tout jeune encore aux fameuses vendanges de Banyuls où il s'était engagé comme porteur ou "buro de coll" comme on disait autrefois. Ses deux frère, Marti et Pierre avaient été embauchés chez un autre propriétaire.
vieux mas à Banyuls
Gusta avait dans son équipe comme compagnon porteur un homme de grande carrure et que l'on surnommait "el toro" aussi le pauvre sorédien de taille moyenne et mince, dans l'expression catalane "sec com un buscail" ne payait pas de mine. Ce buscail tout de mème savait se plier sans se rompre.
banyuls sur mer
Nous voici donc au matin du premier jour de vendanges, avec ces costals qui sont des comportes que l'on emploie sur la côte catalane et qui sont légèrement plus petites que celles employées dans la plaine.
Tout le monde est là, les femmes avec leurs seaux et les porteurs avec le "sac pall" ce qui veut dire le sac et paille que l'on plaçait entre la tête et les épaules de telle façon de ne pas blesser le porteur.
Les vignes de Banyuls sont étagées, suivant les caprices du terrain, des fois très loin des chemins carrossables mais il était prévu des pauses entre la vigne et le dit chemin. Ces arrêts sont aménagés de telle façon que le porteur place le costal à sa hauteur, lui facilitant le chargement.
Donc ce matin là le compagnon "el toro" se moquait du petit camarade qu'on lui avait donné, il parlait même en mots camouflés que son compagnon ne finirait pas la journée et que l'on pouvait tout de même lui donner quelqu'un d'autre à la place de ce gringalet
C'était mal connaitre notre Gusta, qui bien entendu avait encaissé les mesquineries que l'homme lui adressait de façon indirecte.
Les deux hommes prennent donc chacun son costal rempli de grappes, le placent sur le "sac pall" avec toujours le sourire moqueur "del toro" mais quelle déception pour lui...... La descente commence avec Gusta en tête, l'autre ayant fait exprè de se placer derrière, les jambes de notre ami semblaient par son habitude de la montagne danser un "ballet des encadanat", aussi el toro avait du mal à suivre mais il se disait "çà ne durera pas" , il fut donc stupéfait lorsque, arrivé à la première pause il vit son compagnon continuer.... Il lui cria "Tu n'as pas vu l'arrêt ?" la réponse fut nette "Moi je ne m'arrête que lorsque je trouve la charrette"
Après cette réponse, le toro ne dit plus un mot et le soir venu, prétextant un mal imaginaire, il partit sans un adieu au gringalet qui lui avait donné une petite leçon de modestie, on ne le revit plus à Banyuls.
La vendange continua sans que Gusta fasse de cette histoire une fanfaronade et son employeur l'en félicitat sur le départ après ce travail qui n'était pas à la portée de tout le monde, il sut le récompenser.
Là commence une autre histoire de cette même période des vendanges à Banyuls.
Après le travail et suivant la coutume ancestrale, les porteurs et ramasseurs venus des villages éloignés avaient le gîte et le repas du soir chez leur employeur. Chaque soir, après ce dernier repas, les trois frères se retrouvaient pour passer un moment ensemble, ils buvaient un café ou se promenaient sur la plage déserte.
Ils poussaient parfois la promenade du coté de Fontaler où à l'époque ne se trouvaient que deux ou trois maisons. Il arrivait aussi que les trois hommes, avant d'aller se coucher profitaient de leur isolement pour satisfaire des besoins naturels. A cette époque Banyuls, comme tous les villages n'avait aucune commodité et les "w c"n'existaient pas encore. Disons "le cagadou" de l'époque se trouvait le long de la plage (et oui).
Quelquefois aussi mais rarement les femmes allaient vider leur seau hygiénique (en tomas) vers les huit ou neuf heures du soir, c'est de là que survint le désagrément de nos jeunes sorédiens en vendange à Banyuls.
Ce soir là les trois frères, avant de rejoindre leurs pénates provisoires, s'étaient placés sous un petit pont d'une rivière asséchée ce qui leur permettait de causer en soulageant leur obligation. Tout comme sur une scène de théatre, ils étaient bien alignés et discutaient tranquilement depuis un bon moment sans crainte d'être dérangés , l'obscurité les mettant à l'abri de tout regard.
Tout à coup, en l'espace de quelques secondes, n'ayant pu réaliser ce qui leur arrivait ils entendirent un bruit de ferraille et une douche tomba sur le trio...... Ils ne restèrent pas inertes, et tout en s'évertuant à se remettre en état de marche, ils palpaient leurs vêtements souillés tout en cherchant à connaitre la nature de cette aspersion nocturne et improvisée. Il faut dire aussi que la pauvre femme auteur du désagrément ne comprit sans doute jamais les bruits insolites mais rageurs qu'elle entendit et ne chercha pas non plus à comprendre.
Le plus jeune Pierre, était dans l'incertitude et ne pouvait donner son opinion sur cette matière gluante, Marti, pour lui, pas de doute c'était de la m.... banyulenque mais ne pouvait en convenir, quant à gusta pour lui c'était des graines de figues qui l'avaient arrosé et de conclure que l'arroseuse , après avoir extrait le jus des figues après cuisson pour faire de la confiture avait jeté ces déchets malencontreusement sur eux.....
La réplique du plus jeune restera toujours pour les sorédiens une comparaison incertaine car elle était : " Celà ne peut être que de la m..... ou des graines de figues" Cette expression était employée très souvent quand on était dans le doute sur la nature des choses.
Sorède
"Segur, deu esser merda o grans de figue"
Le conteur s'arrête là et ne peut donner l'identification de la matière qui arrosa nos trois sorédiens en vendange à Banyuls sur mer.
J'imagine tout de même qu'ils allèrent prendre un bain de mer après cette mésaventure.
Commentaires
bonjour Mary,
en ce moment, ce sont les vendanges à Montmartre, je pense y aller demain.
Bel après midi et gros bisou
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