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Titre du blog : Sureda fa temps
Auteur : mary66
Date de création : 11-05-2008
 
posté le 04-12-2011 à 10:32:02

LE NOEL DE JAIME (conte)

Quoi de plus merveilleux qu'un conte de Noël ? car voyez vous à cette période de l'année, tout peut arriver, tout même l'impossible comme l'histoire qui va suivre.

 


 

 
 
Jaime vivait  dans une cabane de rondins, tout là haut sur cette montagne qui sépare l'Espagne de la France. Voici cinq ans, il vivait encore à Paris, dans le XIV ème arrondissement et travaillait à l'opéra comme éclairagiste. Pendant quarante ans; il avait côtoyé de grandes stars, des divas, des chanteurs célèbres, il aimait son métier et il faut dire que tout le monde l'aimait bien aussi. Il ne s'était jamais marié, on disait qu'il avait eu étant jeune une grande déception amoureuse, il n'avait jamais pu oublier.

 
Ses parents  réfugiés espagnols étaient arrivés en France en1939, ou il était né quelques années après alors que son père travaillait comme ouvrier agricole dans un petit village de la plaine du Roussillon.
Après son B E P C il monta à Paris, comme on disait à l'époque pour chercher du travail et fut embauché comme homme à tout faire à l'opéra.
A 60 ans il revint au pays pour une retraite bien méritée, seul, ses parent étant décédés il acheta une cabane en rondins, loin de tout dans la montagne. Ce n'était pas une petite cabane car elle se composait de deux pièces chambre et salle de séjour, une cuisine et une salle d'eau, pour l'éclairage il avait installé lui même des panneaux photo voltaïques et une petite éolienne ce qui fait qu'il ne manquait jamais d'électricité. Il avait construit de ses propres mains une belle cheminée,et les soirs d'hiver, il aimait lire, après le repas du soir, les livres étaient ses  seuls compagnons.

 


 

 
Deux fois par semaine il allait faire ses courses au village, il en profitait pour aller rendre visite à ses amis d'enfance qui étaient mariés et  grand pères. Ils parlaient alors de leurs années d'école, au collège et refaisaient le monde, on l'invitait toujours pour déjeuner, en échange il ramenait des champignons, de beaux cèpes tout frais ou des châtaignes. Il remontait ensuite chez lui retrouver sa solitude et sa belle montagne d'Albère.

 
Un soir alors qu'il remontait tranquillement, il entendit un petit couinement, la plainte d'un animal....il s'arrêta et se dirigea vers une touffe de bruyères d'où venaient les gémissement. Ce qu'il découvrit lui fit mal au coeur, un petit renardeau était pris à un piège, sa patte était ensanglantée et il avait l'air de souffrir terriblement....Jaime s"approcha, le petit renard le regardait craintivement, il ne pouvait pas bouger, il s'allongea sur la terre en geste de soumission, attendant la réaction de l'homme...il semblait dire, "je m'en remets à toi, de toute façon je ne peux pas faire autre chose." "Pauvre petit animal, dit Jaime, je vais t'aider, mais ne me mord pas, attend je vais te libérer et te soigner." Sa voix était douce, le renard comprit que l'homme ne lui ferait pas de mal et il s'abandonna à lui . Jaime écarta les dents du piège qui étaient entrées profondément dans la chair, la pauvre patte pendait lamentablement , le renard ne bougeait pas, il attendait, l'homme prit son mouchoir et attacha comme il put la patte blessée, l'animal gémissait mais se laissait faire. Jaime le prit dans ses bras, tout doucement, c'était  encore 'un bébé, il devait avoir environ trois mois ; avec précaution il l'emporta chez lui afin de le soigner.  

 
Le renard qui en fait était une renarde se laissa désinfecter la plaie, la main de l'homme était douce tout comme sa voix, il confectionna une atèle , peut être réussirait-il à sauver la patte.
Quand il eut terminé, Jaïme mit un peu de lait dans une tasse et l'offrit à l'animal, d'abord craintive, la renarde flaira le liquide puis le but jusqu'à la dernière goutte. Heureux, Jaime sourit et caressant la jolie fourrure de l'animal il lui dit " Je vais t'appeler Espérance, çà te conviens ?" et la renarde approuva d'un clignement des yeux.
Depuis ce jour là, Jaime ne fut plus jamais seul dans sa cabane car la renarde resta avec lui tant que sa patte n'était pas guérie puis elle resta parce qu'elle s'était apprivoisée (tout comme le renard du petit prince).Tout comme un chien fidèle  Espérance suivait Jaime dans ses promenades, elle gardait encore un petit claudiquement mais la patte était sauvée ....Et les jours s'écoulaient ainsi, l'homme et l'animal ne se quittaient plus ils allaient tous deux dans la forêt à la recherche de bois pour la cheminée ou de châtaignes, quand il partait au village, il l'enfermait dans la cabane et elle jouait le rôle de chien de garde. Il lui achetait des croquettes tout comme à un chien, au début elle n'aimait pas trop mais s'y était habituée.
Plus tard, Espérance partait seule dans la forêt mais revenait toujours à la nuit tombée retrouver son sauveur.

 
 
Un soir la renarde rentra mais semblait soucieuse, énervée, elle gémissait doucement et restait devant la porte fermée semblant dire à Jaime qu'il y avait quelque chose d'important dehors, quelque chose qu'elle voulait lui montrer. Jaime ouvrit la porte, c'était dans les premiers jours de décembre, il faisait froid, il prit sa veste, un lampe de poche et suivit la renarde sur le chemin rocailleux.....A deux cent mètres il vit dans le ravin les phares allumés d'une voiture, il appela mais rien ne bougea, ceci ne présageait rien de bon, il devait descendre afin de s'assurer que quelqu'un ne soit blessé, la renarde lui indiquait par où il fallait qu'il passe et Jaime descendait  prudemment . Lorsqu'il fut près de la voiture, il regarda à l'intérieur en s'éclairant de sa lampe mais ne vit rien, la portière était ouverte, il vit une forme un peu plus loin une forme humaine allongée dans les feuilles mortes.
Il s'approcha prudemment et vit que c'était une jeune femme,  le visage ensanglanté, les yeux clos, elle respirait avec peine "Madame, madame,  vous m'entendez ? serrez moi la main" Il sentit une légère pression , il fallait la remonter... la prenant dans ses bras, elle était légère, pas plus  de 45 kilos, il commença l'ascension , la renarde passant devant  il la suivit jusqu'en haut.... "Madame, quelqu'un était avec vous dans la voiture ?" la femme fit non de la tête sans ouvrir les yeux. "Je vais vous emmener chez moi, il y a un bon feu, vous avez mal ?" la jeune femme désigna son épaule, elle était donc consciente peut être faudrait-il appeler du secours ?

 


 

 
Jaime ouvrit la porte et entra toujours suivi de la renarde, il allongea la blessée sur le canapé devant la cheminée et referma vite, il faisait très froid dehors. Se sentant mieux, la femme ouvrit les yeux, elle avait de très beaux yeux noirs avec de longs cils, elle était très belle. "Je vais enlever votre manteau dit -il et nettoyer la plaie que vous avez au front" "merci dit-elle" Elle essaya de s'asseoir mais son épaule la faisait souffrir, il l'aidat donc , enleva son manteau et s'aperçut que l'épaule était déboitée "Je vais vous faire un peu mal ensuite ce sera fini tout ira bien" Tirant d'un coup sec, l'épaule revint à sa place, elle poussa un cri,les yeux remplis de larmes, elle sentit tout de suite que ça allait mieux et le remercia d'un sourire. Dieu!!! qu'elle était jolie....Jaime nettoya ses plaies puis lui demanda de se lever si elle pouvait, ce qu'elle fit, elle tituba un peu puis se mit debout et fit quelques pas aidée par Jaime. 

 
" Que vous est-il arrivé ? et que faisiez vous ici la nuit, ce n'est guère prudent si Espérance ne vous avait pas  trouvée, vous seriez restée dans le froid toute la nuit"
-Qui est Espérance ? " c'est alors qu'elle aperçut la petite renarde couchée à ses pied, entendant son nom, elle leva la tête, la jeune femme la regarda d'un air craintif..."vous pouvez la caresser lui dit Jaime en souriant et surtout la remercier.
-Merci petite renarde, merci Espérance!  ton poil est doux, tu es très jolie tu sais."
Jaime la regardait faire, elle portait des vêtements de prix, sa voiture devait couter une fortune, pourtant elle se sentait à l"aise dans sa cabane... Elle se tourna carrément vers lui et demanda "Vous êtes Jaime ?"
Surpris, il acquiesça de la tête "J e suis Véroniqua, heu...votre fille" 
Jaime ouvrit la bouche, aucun son n"en sortit il la regardait comme s'il voyait une fantôme, la montagne aurait pu s'écrouler qu'il n'aurait pas été plus surpris...."ma, ma  fille !!! mais je n'ai pas de fille...."
- Oui, je suis votre fille et la fille de Maria Luisa, ma mère me parlait beaucoup de vous, de votre amour mais elle m'avait dit que vous étiez mort, je n'avais même pas une photo de vous,Elle vous décrivait très beau, une grain de beauté sur la joue gauche, comme moi, elle sourit en voyant en effet ce grain de beauté, grand, mince, c'est vrai vous avez pris du poids on dirait"
Jaime l'écoutait fasciné, la colère et la joie se mêlaient dans son cœur mais il n'osait rien dire de peur que tout ceci ne fut qu'un rêve. Il revoyait Maria Luisa si belle si talentueuse, "LA DIVA", toujours souriante, toujours un mot gentil pour les machiniste, les simples ouvriers comme lui.... c'était en  1986, il  devait avoir une quarantaine d'années elle 35 ans.

 

 


 


 

 
On s'affairait à monter les décors pour la prochaine représentation de "Faust" de Gounod, chacun sa tache, lui était dans le groupe des éclairagistes, spots, effets de lumière....c'est là qu'il l'aperçut pour la première fois, au cours de la première répétition. Il fut comme ébloui par cette femme si belle à la voix divine, il ne se lassait jamais de l'écouter au cours des représentations surtout le magnifique final "anges purs...anges radieux..." c'était sublime. C'est au cours d'une répétition qu'elle s'adressa à lui pour lui demander un verre d'eau, il fut tellement surpris qu'il mit un moment pour réaliser ce qu'elle voulait...elle lui souriait gentiment et bien sur il s'empressa de la satisfaire. "C'est vous Jaime, êtes vous d'origine espagnole ?"  "oui, mes parents sont en France depuis 1939, ils venaient de Valencia" "Valencia ? mais je suis de là bas moi aussi, n'est ce pas une coïncidence ?"
Ils bavardèrent, le temps d'une pause. Les autres jours, elle l'appelait pour une raison ou une autre, une semaine après, ils étaient inséparables, Jaime croyait vivre un rêve tout éveillé. Un jour elle l'invita à dîner son  hôtel

 
était près de l'opéra, il acheta un bouquet de roses jaunes, ses préférées lui avait-elle dit. "Madame vous attend lui dit on, la suite 340.., c'est par là..." Le voilà dans l'ascenseur, on l'accompagna jusqu'à la porte, il se sentait gauche, bien sûr il n'avait pas l'habitude de grands hôtels comme celui-ci. Quand elle ouvrit la porte, Jaime ne put empêcher un petit sifflement elle était magnifique dans une robe  blanche ses longs cheveux flottant sur ses épaules et ce sourire irrésistible qui l'invitait à entrer. Timidement il lui tendit les fleurs, elle le remercia tout en enfouissant son visage dans les roses. "J'ai commandé le repas ici dit-elle, je n'ai guère envie de sortir" Ce fut une soirée délicieuse ils bavardèrent tout en mangeant  une paella valenciana comme on les faisait là bas au pays. A la fin du repas  on amena le champagne dans un seau rempli de glaçons "Est ce bien raisonnable dit Jaime ?"  Ils se sont assis sur le divan, près de la grande baie vitrée, Maria Luisa lui prit la main, il s'approcha et l'embrassa .....Leur relation dura  trois mois, trois mois merveilleux.. Après la représentation, ils se rejoignaient tous les deux à l'hôtel , il l'appelait sa "diva",son adorée, elle riait en se blottissant dans ses bras.
Un soir elle parut contrariée, elle lui dit " Je vais bientôt partir pour l'Amérique, j'ai un nouveau contrat"En effet, les représentations de Faust se terminaient dans  huit jours . "Et moi balbutia Jaime" "Je reviendrais bien sûr, tu n'as pas à t inquiéter et puis on se téléphoneras, on s'écrira..." 

 
Elle partit, il ne la revit plus, elle ne lui a jamais téléphoné ni envoyé un petit mot, sa carrière passait avant tout, il l'avait compris.Jaime reprenait ses esprits, il voulait savoir,tout savoir "Comment m'avez vous retrouvé ? vous pensiez que j'étais mort et...."  "Au fond de mon cœur je savais que vous étiez vivant, je l'espérais du moins et puis un jour ma mère dut arrêter sa carrière, elle tomba gravement malade, son cœur  était très fatigué, elle dut subir une opération à cœur ouvert voici quelques années et là elle ne peut faire grand chose, se reposer c'est tout. Voici un mois, elle m'a tout avoué, tout ce qui s'était passé entre vous, elle vous a aimé mais elle aimait encore plus l'opéra. Arrivée en Amérique, elle s'aperçut qu'elle était enceinte, elle arrêta de chanter pendant quelques mois et je suis née un beau jour d'avril. Elle s'est bien occupée de moi bien sur j'ai eu une enfance dorée, j'ai suivi mes études en Amérique je suis avocate et je travaille pour un grand cabinet à Paris. " Les yeux remplis de larmes Jaime regardait sa fille, elle était si jolie, comment ne pas avoir remarqué qu'elle ressemblait à Maria Luisa ?  " et votre mère est aussi à Paris ? " "Oui, elle est seule, elle ne s'est jamais mariée, elle a acheté un appartement  dans le XVIème "  "Elle sait que vous m'avez recherché ?"  "oui elle m'a donné tous les renseignement vous lui aviez parlé de ce village, j'ai écrit à la mairie et ils m'ont dit que vous viviez ici dans la montagne. J'avais hâte de vous voir....je suis arrivée à  dix huit heures et je n'ai pas pu attendre pour monter jusqu'à vous. Vous vivez seul aussi ?"  "Oui, je n'ai jamais pu oublier Maria Luisa mais je ne savais pas, j'ignorais votre existence, MA FILLE, j'ai une fille, çà me parait tellement incroyable Oh pourquoi ne m'as -t-elle rien dit, pourquoi me laisser dans l'ignorance d'un tel bonheur..."
"PAPA... vous m'avez tant manqué à moi aussi"

 
 
Jaime se leva, prit sa fille dans les bras et la serra très fort sur son cœur en pleurant, Véroniqua sanglotait aussi, la renarde les regardait et paraissait comprendre ce qui se passait.
Ils partagèrent la bonne soupe de légumes qui avait cuit au feu de bois puis,il lui offrit sa chambre après avoir changé les draps. Ce soir là Jaime ne dormit pas il était si heureux, il se prit à rêver à ce qu'aurait pu être sa vie auprès d'une enfant.

 
Le lendemain, après un copieux petit déjeuner, ils s'occupèrent de la voiture, une dépanneuse la tira du ravin, et l'emmena au garage, Véroniqua téléphona à sa mère pour lui raconter tout ce qui s'était passé et lui dit combien elle était heureuse d'avoir retrouvé son père. "Je dois rester quelques jours, en attendant que ma voiture soit réparée, soigne toi bien maman et pas d'imprudence"
Véroniqua adorait cette cabane,le 20 décembre sa voiture était prête mais elle ne se décidait pas à repartir, son père l'emmenait randonner un peu partout dans la montagne et au village on ne parlait que de çà...
Elle voulait passer Noël avec son père, ils s'entendaient si bien, elle allait lui préparer un bon réveillon et demanderait à son ami Sylvain qui était aussi avocat de les rejoindre pendant quelques jours. Jaime avait hâte de le connaitre, Véroniqua  alla le chercher à l'aéroport et ramènerait les courses en même temps.
En attendant Jaime allait préparer la salle, la décorer, mettre des guirlandes de houx , faire un beau sapin...Les voilà ! un ronflement de moteur se fit entendre, Jaime sortit  et les regarda arriver...Sylvain conduisait, ils descendirent tous les deux en riant, papa! voici Sylvain et...et maman a voulu venir aussi elle est là...Maria Luisa descendit lentement, ses cheveux avaient blanchi mais ses yeux étaient toujours les mêmes Jaime ne bougeait pas, ne souriait pas...il regardait la femme qu'il avait tant aimée ses sentiments étaient  partagés il lui en voulait tellement de lui avoir caché tout çà.... "Jaime dit-elle, je suis venue te demander pardon....Pardon pour tout le mal que je t'ai fait, pardon de t'avoir caché que nous avions une enfant  je sais qu'il ne me reste pas très longtemps à vivre je voulais te voir avant de partir, tu n'as pas changé tu sais"

 
Jaime s'avança vers elle, la prit dans ses bras et la main dans la main ils entrèrent dans la cabane. "Viens, lui dit-il, rentrons chez nous."  Espérance, la petite renarde les suivit du regard, elle ne rentra pas dans la cabane, elle regarda Jaime une dernière fois et partit rejoindre son compagnon qui l'attendait là bas, tout près de la rivière. 
 
JOYEUX NOËL A TOUS 


 

Commentaires

JPA le 17-12-2011 à 19:28:24
Papa noelC'est un trés beau conte de noêl, certains ont bien cru que cette histoire s'était passé à "Sureda fa temps"tellement l'histoire imaginée par Marie est proche de ce qu'il aurait bien pu se passer...Mais je confirme...Ce n'est qu'un beau conte de noêl... smiley_id117184