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Titre du blog : Sureda fa temps
Auteur : mary66
Date de création : 11-05-2008
 
posté le 29-10-2008 à 17:05:42

L'ETRANGE CORTEGE

L'étrange cortège.

L'histoire que je vais vous conter maintenant est digne de cette période d'halloween.  Vécue par mon grand père Jacques Margail, il nous la racontait avec force gestes, et nous l'écoutions religieusement même si nous en connaissions le dénouement.  Ecoutons le ...

 

"Javais à ce moment là dix huit ans et naturellement beaucoup de papillons dans la tête et comme tous les jeunes de mon village j'étais dans le vent pour chanter, danser et donner vie à notre petit coin d'Albères.

Ce soir là, nous avions une réunion pour préparer la fête de Saint Assiscle et Sainte Victoire,le 17 novembre,  et il était environ onze heure et demie lorsque je regagnais ma maison.

Nous étions donc aux premiers jours ce ce mois de novembre, le temps était clément, ce soir là avant de rentrer je fus dans l'obligation de satisfaire un besoin naturel et pressant. Comme tout sorédien qui se respecte, cette corv&ée s'accomplissait dans la nature, les "toilettes" n'étaient pas le privilège de tout le monde. Moi, j'avais pris l'habitude d'aller dans un lieu dit "la rourède", endroit inculte où se trouvaient des ronces et des petits bosquets d'arbustes ou j'étais à l'abri des regards indiscrets.

 

Il était très tard et l'obscurité complète car la lune était cachée par de gros nuages et l'électricité n'existait pas encore dans le village.Tout était calme, cependant de temps en temps, un chien faisait entendre un aboiement lugubre qui n'était pas bon signe. Cela faisait à peu près cinq minutes que j'étais là car il faut dire que je suis très" long  "  et je repassais dans ma tête la réunion  que nous avions eue.

Tout d'un coup, j'entendis comme un martelement sourd mais rytmé, régulier,  et qui se rapprochait lentement, cela me provoqua une drôle d'impression qui me fit lever la tête vers la direction d'ou venait de bruit.

Ce que je vis, me parut bien étrange, à dire vrai, c'était une vision dantesque où se méla à cette scène les douze coups de minuit au clocher local.

Par le chemin caillouteux, venant du Veïnat, je vis arriver un cortège précédé par des porteurs de cierges allumés pour éclairer le mauvais chemin aux porteurs d'un cercueil qui paraissait dans la nuit  énorme et ou le bruit de martellement résonnait dans ma tête.

Ce que je voyais de mon observatoire était effrayant et je puis vous dire que la vanne d'évacuation personnelle était résolument fermée, j'étais dans une situation très peu enviable.

Hélas ! l'épreuve n'était pas encore à son terme car à ce tourment visuel et sonore s'ajouta  le palpable ou corporel et croyez moi ce fut terrible....Abracadabran ! tout à coup, deux ombres venant du singulier cortège se dirigèrent vers moi à la vitesse de l'éclair, la première passa entre mes jambes et me provoqua une sensation que je n'oublirais jamais ; je fis un tel bond que la deuxième ombre resta clouée sur place et je poussais un cri qui heureusement ne troubla en rien le cortège mais me fit revenir sur le domaine du réel.

Les deux ombres que j'avais vues plus grandes que nature n'étaient qu'un pauvre chat poursuivi par un chien....Mais me direz vous et l'étrange cortège ?

La nuit précédent était décédée au Veïnat une femme et cela de mort subite. Cette dernière avait une forte corpulence, le cercueuil dans lequel on l'avait placée par une chose qui arrive rarement, s'était fissuré sans doute par une décomposition trop rapide du corps.La situation était intenable et dangereuse et la famille demanda l'autorisation de transporter le corps au dépositoire au cimetière car il était impossible d'attendre la cérémonie religieuse vu les circonstances.

 

Voila comment l'étrange cortège improvisé défila à la lueur des cierges devant mes yeux horrifiés...."

 

Et comme tout devenait normal, à la fin du récit,  nos esprits d'enfants soulagés par le dénouement, nous reprenions le sourire en pensant à la situation critique de notre grand père. "Vous pouvez rire maintenant, mais j'aurai bien voulu vous voir à ma place" concluait-il.