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Titre du blog : Sureda fa temps
Auteur : mary66
Date de création : 11-05-2008
 
posté le 07-11-2008 à 10:07:42

LA GRANDE GUERRE

Bientôt le 11 novembre, J'ai trouvé dans les écrits de Jérome Margail le souvenir de cette déclaration de guerre et comment les enfants de l'époque avaient vécu ces tristes années. La libération enfin, au bout de cinquante et un mois et onze jours, tous ces morts, toute cette misère, enfin la paix était là...

 

" Nous étions 2 août 1914, je me souviens encore des affiches aux deux drapeaux croisés annonçant la mobilisation générale. C'était la guerre, mais pas une drôle de guerre, ce jour là, mon père me tenait par la main, beaucoup d'hommes étaient rassemblés au pont, devant le café Pideil (actuellement le marchand  de légumes), chacun faisait son petit commentaire sur l'évènement qui devait tourner en guerre mondiale. Il y avait ces mots qui revenaient toujours "On va enfin prendre la revanche et en très peu de temps encore", d'autres disaient " Ce sera l'affaire de quelques semaines" ; Hélas ! ce fut l'affaire de quelques années : cinquante et un mois et onze jours. Sorède paya un large tribut avec plus de soixante morts et beaucoup d'autres marqués pour le restant de leur vie."

 

"Nous, les jeunes, les écoliers, nous subîmes aussi les répercutions de ce désastre, nos instituteurs mobilisés, parmi eux monsieur Tocabens qui fut le premier mort au champ d'honneur, nous eûmes de jeunes normaliens qui se succédaient presque chaque mois. De ce fait, nous ne pouvions avancer dans notre instruction et même dans notre éducation car j'ai vu des élèves de 13 ans se battre avec leur enseignant.

Il y eut un changement aussi dans nos jeux, finies les calmes parties de billes, on était dans l'atmosphère guerrier et un jeu qui avait pour nom de "bataille de la Marne" était à l'honneur. Il consistait aprés avoir formé deux camps, à se battre sous toutes les formes. Bien souvent c'était le nez saignant et les genoux écorchés qu'on reprenait la classe, mais nous étions satisfaits de notre courage dans la petite guerre.

Il faut dire aussi que nous étions habillés pour la bataille, chacun avec son bonnet de police que papa ou l'oncle avait porté à la permission, nous avions ajouté des bandes molletières sur nos mollets en manche de balais, que voulez vous en ce moment c'était de circonstance.

Quel désespoir pour nos parents quand nous rentrions les culottes trouées, la blouse déchirée, les chaussures en piteux état.

Ces jeux furent interdits plus tard mais il fallut à chaque récréation l'intervention du garde champêtre, notre corps enseignant ne pouvant intervenir car il était composé uniquement de femmes."