L'histoire qui va suivre j'ai longtemps hésité avant de me décider à vous la donner, tout simplement parce qu'elle vient de ma propre imagination. Je l'ai écrite voici quelques années, une veille de Noël, j'espère que vous l'aimerez, sinon et bien tournez la page....Elle est pour vous, chers visiteurs de mon blog, de Paris à Montpellier en passant par Bénouville et Toulouse, pour vous tous, voici "une rose pour Emilie" de Mary.(soyez indulgents)
Une rose pour Emilie ou "La rose orangée"
Dans la salle commune de la petite maison de retraite, on se prépare pour les fêtes de Noël. Comme chaque année, un grand sapin, merveilleusement décoré a été installé dans un coin de la pièce et des guirlandes multicolores ornent les murs et le plafond. Derrière la baie vitrée, quelques pensionnaires regardent au dehors les rares passant pressés de rentrer chez eux, d'autres regardent la télévision un film très ancien qu'ils ont déjà vu "L'assassinat du Père Noël", très vieux classique.
"Le temps est à la neige " dit Louise, une résidente, les yeux levés vers le ciel.
_Noël sous la neige, c'est tellement rare chez nous, je ne crois pas que cela puisse arriver, lui répond Charlotte, assise à ses cotés.
- Regardez, reprit Louise, le vent vient de la mer, il fait moins froid et ces gros nuages gris, oui, je crois bien qu'il va neiger.
Trois heures, le goûter va être servi, on entend déjà le bruit des tasses qui s'entrechoquent sur les tables roulantes, c'est le signal pour se rapprocher des tables. A quatre heure, il y aura un petit spectacle et ensuite on chantera et on racontera des histoires. Ils sont tous excités par ce remue- ménage, certains essaient d'aider, ils aiment se sentir utiles, aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. Ils pensent aux Noëls d'autrefois , en famille... On écrase parfois une larme sur une joue ridée comme une pomme reinette, des groupes se forment çà et là et l'on discute, on parle des enfants qui viendront "peut être" demain et qui leur amèneront un petit cadeau.
Seule, dans un coin, assise près d'une fenêtre, Emilie,une vieille dame semble se désintéresser de tout. Les yeux fixés vers l'extérieur, vers le village, son village, elle pense "Oui, Louise a raison, c'est bien un temps de neige" Elle vient de fêter se 91 ans, comme le temps passe vite, que de choses elle aurait à raconter mais qui s'intéresse encore à elle ? Certes, sa famille vient le voir quelquefois mais ils sont si loin.
Son petit fils Frédéric lui écrit de longues lettres de Paris, il lui donne des nouvelles de sa petite famille et surtout de Fanny, son arrière petite fille. Elle a dix ans et est si jolie, comme sa petite Marie, d'ailleurs, elle lui ressemble beaucoup .
Quand ils viennent en vacance elle va souvent passer une journée avec eux, elle les regarde vivre assise dans le jardin, car bien sur ils ont acheté une petite maison au bord de la mer.
Une aide-soignante s'approche d'elle en souriant "Je vous sers le goûter près de la fenêtre Mamie ? "
- Si vous voulez Julie, je veux bien sur un plateau" Mais pourquoi donc Julie l'appelle toujours mamie ? n'a t elle pas un prénom et un nom comme tout le monde. Signe d'affection, peut être bof ! a quoi bon se fâcher....
Julie amène un grand bol de café au lait avec des gâteaux et deux bonbons au chocolat.
"Bon appétit mamie"
Comme le village a changé, seul le centre est resté le même avec son clocher qui semble pointer un doigt vers le ciel. Des maisons ont poussé un peu partout,on a fait des lotissements et la population a augmenté bien sûr. Le cimetière aussi s'est agrandi, la municipalité a acheté plusieurs parcelles et les tombes se sont multipliées. Cela fait bien longtemps qu'elle n'est pas allée au cimetière, un an ? deux ans ? elle ne sait plus. Elle aimerait bien y aller pour se recueillir sur la tombe de Pierre, son mari et de sa petite Marie mais qui voudrait bien l'accompagner ?
Demain c'est Noël, pour elle ce sera un jour comme tous les autres, et pourquoi n'irait-elle pas au cimetière aujourd'hui ? Tout le monde est occupé, ils ne feront pas attention à elle si elle s'en va .
Lentement, elle pose son bol vide sur le plateau et se lève, ses jambes réussiront elles à la porter jusque là bas ?
Trois heures et demi, elle a le temps, la nuit ne tombe que vers cinq heures et demi, il faut qu'elle se dépêche, elle a trop envie d'y aller, comme si quelque chose l'attirait.
Elle traverse la salle commune à petits pas et se dirige vers le couloir, sa chambre est tout à fait au bout, le temps de prendre son manteau, ses gants, ses bottillons, sa canne et de partir par la porte de service.
Tout se passe comme prévu, personne ne l'a vue descendre l'escalier de service, ouvrir la porte et la voilà à l'air libre.
Il fait froid, des nuages menaçants s'amoncellent de plus en plus dans le ciel, elle prend le petit sentier derrière la maison et la voila qui s'enfuit comme un enfant faisant l'école buissonnière.
Il faut se dépêcher mais ses vieilles jambes ont du mal à la porter ; dix ans, cela fait dix ans qu'elle est ici dans cette maison de retraite , elle est très bien soignée bien sûr gâtée même par le personnel mais combien en dix ans ont déjà disparu ? La dernière c'était Eulalie qui vivait dans un fauteuil roulant, elle est partie comme çà une nuit, subitement. Elle n'avait pas de famille donc personne pour la pleurer et deux jours après sa chambre était occupée par une nouvelle pensionnaire Odette.
Au début on a du mal à s'habituer et l'on pleure souvent, après, on attend.....
Pour le moment, sur son chemin, elle n'a rencontré personne d'ailleurs, qui ferait attention à elle ?
Pierre, son Pierre, voilà plus de cinquante ans qu'il est parti, elle s'est retrouvée veuve à trente neuf ans avec ses deux fils Petit Pierre et Jean âgés de 14 et 12 ans Marie les avait quittés un an plus tôt à l'âge de 8 ans. ...
Quelques flocons de neige voltigent par ci par là, il fait froid et ses pieds sont transis, il faut pourtant qu'elle y arrive, pourvu qu'elle ne tombe pas, elle s'appuie sur sa canne et presse le pas. Les flocons deviennent de plus en plus nombreux qu'importe il faut qu'elle réussisse.
Elle avait seize ans quand.... c'était en 1916, la France était en guerre depuis près de deux ans ...Noêl 1916....Dans la petite église éclairée par des cierges on allait célébrer la messe de minuit. Tout le village était la, il n'y avait pas assez de places assises et l'on se serrait les uns contre les autres afin de ne pas avoir froid et pour prier pour les soldats et pour la France.
Emilie était là avec ses parents et ses frères Lucien et Michel, Pierre aussi était là ...Ils se connaissaient depuis l'enfance, il avait dix huit ans, l'age de Lucien et demain tous les deux partaient pour le front, dans les tranchées. Sa mère, pleurait en silence d'ailleurs, beaucoup de femmes pleuraient, déjà plus de dix jeunes soldats du village étaient morts au champ d'honneur comme on dit. Pendant l'offertoire, Pierre lui prit la main elle leva les yeux et leurs regards se croisèrent, il murmura : " Emilie, veux tu être ma promise ? "
Elle sentit ses joues brûler et des larmes perler au coin de ses yeux. Si elle voulait ? elle l'aimait tant, mais n'avait jamais osé se l'avouer, il était si beau son Pierre... "Oh ! Pierre, je t'attendrais dix ans s'il le faut, oui, je veux bien être ta promise." Il prit alors une fleur qu'il cachait sous son manteau et la lui tendit. C'était une rose orangée, mélange e sang et d'or, couleurs du drapeau catalan. Elle la prit et la cacha elle même sous son manteau, Lucien avait vu et lui avait souri gentiment.
A la fin de la messe on avait chanté le "Saltent i baillent" et chacun était reparti aprés la bénédiction du prêtre. Dehors, il commençait à neiger, on était rentré à la maison, son père passait devant tenant une lanterne , personne ne disait mot.
Le lendemain matin le père de Pierre était venu la demander en mariage pour son fils, les deux familles se connaissaient depuis toujours et souhaitaient depuis longtemps cette union. En temps normal, la visite se serait terminée par un bon repas mais Pierre et Lucien devaient prendre le train l'après midi, leurs baluchons était fait .Quand allaient ils revenir ? Dieu seul le savait. Deux ans plus tard, seul Pierre était revenu, Lucien avait été tué six mois après son départ, il n'avait pas vingt ans.
Elle avait gardé la petite rose orangée dans son missel et elle y était toujours depuis soixante quinze ans, à la page de l'offertoire.
A demain pour la suite.
Commentaires
je passe cher toi pour te souhaiter un bon dimanche
edite7. princenoir le 13-12-2008 à 20:50:43
DE PASSAGE POUR TE SUHAITER UNE BONNE SOIREE ET POUR TE DIRE QUE M ZORDI EST TOMBE EN PANNE JE PEU LIRE ET REPONDRE AU COMMENTAIRE PAS FAIRE DE POEME OU DE COUP DE COEUR AMITIE GGGG
C'est gracieusement écrit à demain la suite!
Arrète Mary...Tu vas nous faire pleurer...
je passe sur ton blog pour te souhaiter un bon week-end