Mais non, JPA, tu ne vas pas pleurer, lis plutôt la suite....
" Un mince tapis de neige recouvre la route, les rues sont désertes, Emilie avance toujours à petits pas pressés. Un vol d'étourneaux tournoie au dessus d'elle et va se poser sur les branches dénudées de quelques micocouliers faisant penser à de gros fruits noirs...La marche devient de plus en plus difficile, ses pieds sont glacés mais elle ne veut pas revenir sur ses pas, elle est si près du but.
D'une maison éclairée s'échappent des rires et des cris d'enfants, ils préparent Noël..Autrefois, quand ses enfants étaient petits, elle aimait beaucoup cette fête, tous ces préparatifs, la crèche que l'on faisait tous ensemble près de la cheminée.Tant de Noël s'étaient succédés depuis,tant de joies mais aussi tant de peines.
Là bas, au fond de la rue, c'est sa maison, bien sûr on a mis des locataires, sa petite retraite ne suffisait pas pour payer la maison de retraite. "Tu seras plus tranquille maman" avait dit Jean et petit Pierre avait renchéri "On s'occupera bien de toi là bas, on te soignera" Il est vrai qu'elle ne pouvait plus rester seule à quatre vingts ans, son état de santé ne le permettait plus mais elle était si bien chez elle.
A travers un rideau de neige, elle aperçut la grande croix du cimetière, elle arrivait enfin. ...La marche est de plus en plus pénible, pourvu qu'elle ne tombe pas...La voilà devant la grille...Avec un grincement lugubre, elle s'ouvre sous sa poussée...Quel silence ! et cette neige qui continue à tomber...La tombe de Pierre et de Marie se trouve tout à fait au fond, là bas sur la gauche. Elle reprend sa marche dans l'allée centrale,elle s'arrête devant la tombe de ses parents, juste quelques minutes, un peu plus loin est enterrée Marguerite, sa meilleur amie et à droite, les parents de Pierre....La voici maintenant dans l'allée de gauche, tiens ! il y a quelqu'un là bas, en effet deux ombres se profilent à travers les flocons, deux ombres qui ne lui sont pas inconnues, celle d'un homme et d'une petite fille, l'homme lève le bras et lui fait un signe amical de la main, non ! ce n'est pas possible, encore un tour de sa maladie qui lui envoyait des visions.... Il ne faut pas qu'elle regarde..et tout disparaîtra. Elle s'arrête auprès d'un cyprès et essaye de reprendre son souffle ....Ils sont toujours là ..."Emilie, dépêche toi cela fait si longtemps que nous t'attendons " Allons donc, la voilà qui entend des voix maintenant,Elle tourne la tête ver eux...Marie lui sourit gentiment et lui envoie des baisers de la main. "vite Maman, vite..." Des larmes lui brouillent la vue, et si c'était vrai ? Si c'était bien eux qui venaient la chercher ?.....
La voilà qui se met à avancer, lentement, ils ne sont qu'à une cinquantaine de mètre, ses pas deviennent de plus en plus pressés, il faut qu'elle les rejoigne vite "Courage, maman, " Marie se met à battre des mains et à sautiller, Pierre se met à rire, il lui fait encore signe ...Emilie presse le pas, ses jambes deviennent de plus en plus légères et la voilà qui se met à courir, elle qui avait tant de mal à marcher....Une grande chaleur l'envahit "Ho ! faites que ce soit vrai, je vais les rejoindre.." Plus que dix mètre à parcourir, comme elle est heureuse, ses douleurs ont disparu, elle peut les voir maintenant, tous les deux lui tendent la main en riant et elle aussi se met à rire et elle pleure en même temps, cinq mètres, trois, deux, un, elle prend leurs mains, elle les serre sur son coeur "Ma petite, mon Pierre..." ils s'embrassent en riant, heureux, enfin. "Comme vous êtes beaux tous les deux," "Mais toi aussi tu es belle mon Emilie" lui répond Pierre. Il plonge sa main sous son manteau et en sort une rose, une belle rose orangée, comme autrefois la veille de Noël 1916... Celle ci est encore plus belle, elle la prend, l'approche de son visage et s'aperçoit que ses mains déformées et ridées sont devenues lisses et blanches comme autrefois. "Il est temps de partir maintenant, viens avec nous, Maman.."
Le spectacle vient de se terminer, on applaudit les artistes venus rendre visite aux résidents de la maison de retraite, ils descendent de la scène improvisée et viennent embrasser et serrer les mains des spectateurs en leur adressant des mots gentils, ils ont tellement besoin de chaleur et d'amour, surtout la veille de Noël.
Une femme de service s'approche de la directrice et lui parle à l'oreille "Nous ne retrouvons plus Madame Emilie, elle n'est pas dans sa chambre, son manteau a disparu, on ne sait pas où elle est.."
La nuit est tombée, gendarmes et pompiers sont arrivés avec des torches et la neige qui continue à tomber.
Ils ont fait le tour de la maison, cherchant sous les fourrés, dans les moindres recoins et cela jusqu'à minuit.
On l'a retrouvée le lendemain, jour de Noël vers onze heures, couchée sur la tombe de son mari, le visage rayonnant, rajeuni semblait-il. Elle tenait serrée sur son coeur une rose orangée, mélange des couleurs catalanes. On n'a jamais su d'où elle venait ni comment elle avait pu l'avoir , elle fut inhumée trois jours après avec la rose car on ne put desserrer ses pauvres mains glacées"
Commentaires
Merci les mots et les photos c'est bien fait tout ça
Va falloir se décider à faire un livre vraiment
bonsoir je passe chez toi je te souhaite une bonne soiree