Toutes ces prières ou conjurations qui nous viennent de nos ancêtres, ont parfois une légende.
Il en est une, celle que l'on récitait pour le mal au ventre que je vais vous raconter aujourd'hui, c'est la légende de Saint Lin. La voici telle que je l'ai trouvée dans les cahiers de Jérome.
LEGENDES DE SAINT LIN
Les Garrotxes, terres arides au confluent des rivières de Cabril et d'Evol, sont le prélude de la belle et accueillante vallée d'Evol. D'après la légende, c'est là que serait né le pape Saint Lin.
Première légende.
Lin était un simple laboureur, travaillant à la métairie de Cabrils, voisine d'Oreilla, petit village dont nous parlerons plus loin.
Un jour tandis qu'il labourait, des ambassadeurs richement vêtus arrivent de Rome, lui annoncent qu'il était désigné pour succéder au Pontife régnant gravement malade. Lin, étonné confondu par cette nouvelle leur dit :
"Je n'ajouterai foi à votre mission que si cet aiguillon se couvre de fleurs et de fruits."
Au même instant, le dit aiguillon verdit et porta des fleurs et des fruits.
Mais Lin demanda encore une autre manifestation de la volonté de Dieu sur lui. "Avant de m'incliner devant votre message et de vous suivre, ajout a-t-il, je demande qu'il jaillisse dans ce lieu éternellement sec, une source d'eau vive, claire et fraîche." Une source jaillit au même instant...
Convaincu, cette fois, il ramena ses boeufs à la ferme, dit adieu à sa mère et suivit les ambassadeurs à Rome où il succéda à Saint Pierre.
Quelques temps après, sa mère vint à Rome lui rendre visite. Elle était habillée comme les paysannes du Conflent, corsage en velours noir, jupe de laine grossière, coiffe catalane, grosses chaussures aux pieds.
L'entourage du nouveau pape jugeant cette mise trop simple lui fit revêtir une magnifique toilette de dame romaine. Évidemment, la pauvre femme ne se sentit pas à l'aise dans ses nouveaux atours, et lorsqu'elle fut introduite devant son illustre fils, celui ci ne la reconnut pas : "Cette personne dit-il n'est pas ma mère, enlevez lui toute cette vanité qui lui sied si mal." Ainsi fut fait et quelques instants après Lin embrassait sa mère qui avait retrouvé son costume de paysanne catalane.
La mère de Saint Lin, de retour à Oreilla voulut, avant de mourir aller à Marcevol (commune d'Arboussols) canton de Vinça, visiter les parents qui lui restaient.
Voici donc la deuxième légende de Saint Lin.
Sur le chemin de Marcevol à Tarérach, il vous est possible de voir encore une petite croix en fer forgé plantée sur un rocher, voici la légende qu'elle évoque.
Un paysan revenait du moulin de Vinça avec un sac de farine, il faisait mauvais temps, en chemin il rencontra une vieille femme qui lui demanda de la porter sur son mulet jusqu'au village de Marcevol. Le paysan répondit qu'il ne pouvait pas le faire car sa farine risquait de se mouiller. La femme lui dit que sa farine ne risquait rien et ne se mouillerait en aucun cas. Le paysan déchargea donc son mulet afin que la vieille femme prit la place de la farine.
A leur arrivée à Marcevol la femme du paysan se mit en colère mais donna tout de même une place dans l'étable à la vieille femme et lui donna à manger une soupe très claire avec les bout d'ailes de poulet. Pendant que son mari allait chercher son sac de farine, elle en profita pour mouiller la paille où devait dormir la vieille.
Dans la nuit, la femme du paysan fut prise de douleurs au ventre, rien ne pouvait la calmer et on chercha en vain quelqu'un pour la guérir. C'est alors que le paysan pensa à la vieille couchée dans l'étable, il alla la chercher et celle ci fit l'oraison suivante :
PREGARIA PEL MAL DE VENTRE
Hoste bo, hostessa mala, sobre llit moll i poque palla
Mal de ventre ves t'en que Deu ho mana (très baguadas)
oh tembé
Hoste bo, hostessa mala, palla molle per llit i punte d'ala
Mal de ventre ves ten que Deu ho mana.(très bagadas)
(Faire un signe de croix au début et trois Ave Maria à la fin)
(Prière pour le mal au ventre.
Hôte bon, l'hôtesse méchante, sur un lit mouillé et peu de paille, mal au ventre vas t'en que Dieu le demande.
(répéter 3 fois)
Où aussi :
Hôte bon, l'hôtesse méchante, paille mouillée pour lit et pointes d'ailes, Mal au ventre vas t'en que Dieu le demande. (répéter 3 fois)
La femme du paysan se trouva soulagée et guérie.
Le lendemain, dans la matinée, les cloches se mirent à sonner le glas et tout le monde se demandait qui était mort.Ils pensèrent alors à la vieille femme de l'étable et la trouvèrent morte.
Elle avait un papier dans sa main fermée que seul le bon paysan put lui faire desserrer et on put lire sur ce papier les mots de la prière qui guérit le mal au ventre et sur la fin les mots suivants :
"Passan la Mare d'un papa. Fen prodigé estupent
Puix la farina s'escapa de ruixat d'aigua corrent.
Sense que es mulles cosa alguna.
(Som la mara d'el papa Lli)"
(La mère d'un pape passant, fit un prodige étonnant, la farine échappe à la pluie sans se mouiller .
(je suis la mère du pape Lin)
"Vous construirez une chapelle à l'endroit où je me trouve"
Le tombeau de la mère du pape fut appelé par le peuple "Le tombeau de la Sainte" car son souhait devint réalité par la construction de la dite chapelle.
Commentaires
Toujours un bonheur de lire ce blog, enfin ça transpire la vraie vie. je ne connaissais pas Saint Lin et en plus j'ai droit aux invocations dans la langue vouiii madame c'est trop génial, ton blog mérite tous les oscars bye !