VEF Blog

Titre du blog : Sureda fa temps
Auteur : mary66
Date de création : 11-05-2008
 
posté le 30-08-2009 à 15:12:49

MANEL ET L'HIRONDELLE DE SAINT mARTIN

Ce matin en m'éveillant j'ai entendu le joli chant

D'un oiseau qui s'était arrété tout près de la maison et chantait.

Moi, vous savez, que des bêtes et des oiseaux du pays

je suis l'ami fou. De l'oiselet, j'écoutais les trilles et sifflets.

Et dans mon coeur résonnait la douce voix qui chantait.

Manel ! semblait-il crier, sors un peu, je veux te parler.

Je saute de mon lit bien  vite et dehors je m'empresse de suite.

Et le bel oiseau que j'ai vu c'est l'hirondelle que j'ai reconnu.

C'était la saison qui suit l'été, quand du Nord, le vent glacé,

Fait descendre en Roussillon, la pluie, la neige et les glaçons.

Triste temps pour ces oiselets, hirondelles et martinets,

Amis du printemps radieux, ils se sauvent vers d'autres cieux.

Mer, vieilles tours et clochers, rivières les monts et les plaines,

Bientot nous ne les verrons plus,leurs cris nous ne les entendrons plus.

En ce jour, le vent, le froid, la pluie, écatombe d'oiseaux que l'on trouve raidis,

Ce sont nos compagnons venus d'autres pays, sur la route glacée on les trouve sans vie.

De tout celà, oiselet mon ami , comme de rien faisait mépris,

Etant toujours en mouvement , sautant, chantant et sautillant.

"Pourquoi chante tu ? la tristesse est dans ta nature ?

Le Roussillon ne te plait plus ? peut être as tu perdu ta nichée ?

Tu sais que rien ne te manque ici, nourriture, un agréable abri,

L'amour nous dit  : "Garde toi de toucher l'hirondelle par Dieu protégée.

Viens, si tu ne veux pas t'en aller, ici le froid ne peut te toucher

Avec plaisir je prendrai soin de toi, ton lit sera en coton sous mon toit.

De l'Albère dans l'autre monde,le voyage est bien trop long

Bien difficile est le chemin, je ne sais si tu verras la fin.

Pour aller dans un pays étrange, tes ailes seront bien courtes,

Dans la mer tu tomberas et tu ne verras plus Saint Martin.

Viens, j'aime le monde, l'oiseau, les bêtes, les moutons, les agneaux,

Les chiens, l'écureuil, le duc, j'ai nourri aussi deux loups"

 

"Manel, répond l'oiseau, tout ce que je fais c'est pour toi,

Je vis, je joue, chante et saute pour toi l'enfant de Saint Martin.

J'ai vu tes travaux, les bois, fontaines, tours et abris

Tout celà m'a enchanté, je viens pour te féliciter.

J'ai vu la Tour de Manel, on dirait qu'elle gratte le ciel,

Les nuages lui servent de siège et les éclairs de couronne.

A ses pieds, s'étend la plaine, du Roussillon et de l'Espagne,

Ces villages sont comblés, de jardins, de vignes et prés.

D'ici on voit une fontaine sur la gauche près d'un parc,

Sur un col , entre deux monts, se trouve la reine des fontaines.

En ce lieu enchanteur se trouve l'air pur et la fraîcheur,

L'eau claire comme l'argent, l'ombre, le repos excellent.

Quand mouillée et fatiguée, dans l'eau je me suis lavée,

La faiblesse j'ai laissé pour être en forme et en beauté.

En passant ce matin, un écrit pendu au pin,

Dit : " Beauté du pays, la reine est un paradis."

J'ai vu et tout me plait beaucoup, le bois de la rouillée,

La fontaine , Manel, et l'enclos, et les fruits, et fleurs abondantes.

Ta main, main d'enchanteur  a fait comme le créateur

D'un désert une oasis, de l'Albère un paradis.

Maintenant, c'est l'heure du départ je ne peux plus rester ici,

Le temps est froid et mortel je demande un pays plus chaud.

Bien sûr, le voyage est long mais je ne crains rien ni la mort,

Ni tempête ni la froideur, on m'a confié une mission.

Je m'en vais au pays de Dieu, pays où l'homme ingrat a tué notre seigneur

je vais lui parler de toi...

Je lui dirais qu'il te donne santé, longue vie mais surtout,

Qu'à ta mort il te reçoive au ciel, Adieu donc, ADIEU MANEL.

Celà dit l'oiseau dans l'air s'enfuit, fuit et fuit encore...

Un cris s'échappe de mon coeur, cris de joie, cris de douleur...

 

Le poème a été écrit par Monsieur De Bezombe sous la dictée de Manel en catalan bien sûr le

1er juillet 1896.

Jérôme le traduisit en français le 10 octobre 1978.  

 

 

Manel était né le 25 décembre 1822 et est décédé en février 1911. Le jour de son décis, il tomba tant de neige qu'il fallut attendre 4 jours pour le porter en terre.

"QUAND MANEL MOURRA, LA MONTAGNE PLEURERA"

A sa façon la montagne a pleuré la mort de Manel.

 

Commentaires

tessyhen le 31-08-2009 à 23:17:30
Belle histoire Marie, j'ai des hirondelles qui nichent dans mon garage et reviennent chaque année. Mais ces dernières années des petits meurent et elles n'arrivent plus à sauver les couvées entières. Je pense que les insecticides ne sont pas étrangers à ce phénomène, c'est assez triste.

J'ai été très agréablement surpris de te retrouver sur le site de jeux, et je vais essayer d'être plus fidèles à l'apport des commentaires sur ton blog.

Bisous Marie, à +
jpp le 30-08-2009 à 23:18:25
Très belle histoire que celle de smiley_id117725Manel le berger des Albères