Sureda fa temps

Sur la route du Perthus, à l'embranchement qui va à Maureillas, il y avait un vieux chêne que l'on appelait "Le chêne des Trabucayres". Cet arbre servait de cachette pour les armes des célèbres bandits des grands chemins de si mauvaise réputation.

Mais qui étaient ils ces hommes et pourquoi les appelait-on ainsi ? Ils étaient treize et trois complices, leur chef Jean  Simon (dit Tocabens) n'avait que 25 ans, on les appelait ainsi à cause de l'arme qu'ils avaient "le trabouc" genre de fusil au canon évasé.

Leur histoire se situe entre 1840 et 1846 , leurs crimes furent atroces, ils attaquaient les dilligences,  rançonnaient, torturaient, tuaient ,le dernier fut un enfant , le jeune Jean  Massot.

Si je vous parle d'eux c'est que mon arrière arrière grand père "Abdon Barcelo" fut témoin à leur procés.A ce moment là, la famille habitait un mas près de "Las Illas" et Il raconte qu'une nuit, il reçut la visite de Tocabens, le chef et d'une partie de la bande  qui lui dit " Barcelo, nous passerons la nuit chez toi et maintenant méfie toi, mais si tout va bien tu auras une bonne récompence."

Barcelo prit le risque et alla à Maureillas pour avertir les forces de police qui traquaient la bande, il remonta avec quelques soldats mais les trabucayres étaient déjà loin.

Ils avaient laissé un message sur la porte : "Barcelo, tu as signé aujourd'hui ton arrêt de mort, j'aurais ta peau."

Heureusement, peu de temps aprés les trabucayres étaient arretés, jugés et condamnés à mort.

Comme ils avaient encore des complices en liberté, la famille Barcelo déménagea et partit pour

le mas Barde, à La Pave, près de Sorède. 

Chanson populaire sur les trabucaires(cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

Une partie de la bande fut éxécutée à Perpignan, au pied de la citadelle, Simon et Sagal furent exécutés à Céret le 26  juin 1846. D'aprés certains près de 20000 personnes, hommes femmes et même des enfants assistèrent à l'exécution; pour la petite histoire, on mettait les enfants devant afin qu'ils se souviennent et pour qu'il n'oublient jamais ils recevaient en plus une paire de gifles de la part de leurs parents. Mon arrière grand mère "La Téresine"reçut tout commes les autres juste au moment où le couperet tombait et elle s'en souvint jusqu'à sa mort.

Oui, bien sûr à Sorède, tout le monde connait "La place du Christ" mais connaissez vous son histoire ?

C'est en 1893 que ce Christ des Missions fut placé à l'embranchement des chemins de Notre Dame du Château et de la rue du Veïnat par la population de Sorède.

Le terrain était une propriété de Madame Marie Falguère qui en fit don à la commune afin d'y mettre la croix.

Comme on peut la voir sur cette vielle carte postale (agrandir en cliquant dessus) (entourée) la première croix était en bois et elle fut détruite par un ouragan.

En 1913 elle fut remplacée par celle qui existe toujours et qui j'espère restera encore longtemps. 

Marie Falguère qui fit don du terrain.

Cette photo date des années 50 je pense, il n'y a aucune construction. A l'arrière plan on peut voir les voitures de l'époque sur le terrain derrière le Christ qui servait de terrain de boules et de jeu.

Tout a bien changé non ? 

et voici le Christ tel qu 'il est aujourd'hui .(Photos faites aujourd'hui vendredi 24 avril par A.Sanchez)

Après un début de matinée maussade, le temps s'est éclairci et vers 14 heures, un beau soleil brillait sur la place de Notre Dame du Château.

Belle messe de Paques, célébrée par le Père Guillaume et le Père Michel devant une assistance recueillie, à la fin de la messe, les chanteurs de Goig ont interprété ce chant une dernière fois. Pour le reste, je pense que les photos vous raconteront cette magnifique journée du lundi de Paques.

l'assistance écoute les dernirs couplets des goigs.

Sur la tribune, les goixaires s'en donnent à coeur joie.

Dedans ou dehors l'omelette est partagée.

Et voilà des omelettes bien cuites ou baveuses suivant le goût.

Omelette ou saucisse ?

Et comme tout finit par une sardane, la voilà....

Le père Guillaume et le Père Michel

Encore une sardane

Et on applaudit bien fort...

Sorède s'étant beaucoup agrandi, il n'était pas possible pour les chanteurs de faire tout en un soir, ils ont fait les écarts (Vallée Heureuse, Lavail et certains quartiers) et le samedi ils ont fait le centre du village.

Voici quelques photos du départ à la rue de la Gabarre

On se prépareà partir.

Roger donne des directives.

Allons remplir les paniers.

Pleuvra ou pleuvra pas ?

Tout le monde est assis ?

Et c'est parti, tenez vous bien!!!!

Pasques florides ne seu trigat d'arriba

Vos asparavan per vos sentir à cantar.

(Pâques fleuries, vous avez tardé d'arriver, nous vous attendions pour vous entendre chanter)

Bonnes et joyeuses Pâques à tous et à lundi à Notre Dame du Château pour le partage de l'omelette.

L'an dernier près de 900 oeufs ont été récoltés, le record sera-t-il battu cette année ?

Vers la fin des années 50, le comité des fêtes de l'époque, dont le président était Jérome Margail, renoua avec la tradition du "goig dels ous". C'est Monsieur Tronyo, qui était cafetier au café des sports qui  fit répéter les chanteurs et tant bien que mal les premiers "goixaires" passèrent dans les rues et remplirent leur "cistelle".

Il y eut beaucoup de dons en charcuterie, oeufs, vin,  gâteaux et aussi argent, bien sûr on mangea l'omelette pascale le lundi de Pâques mais le comité partagea le reste avec les jeunes militaires de Sorède partis en Algérie ou restés en France.

Ce fut une bien bonne surprise pour eux de recevoir ce colis venant du pays et je pense que plusieurs d'entre eux ont versé une petite larme en le déballant.

La tradition dure encore depuis ce temps, tous les ans, le samedi saint, nous avons droit à notre sérénade et c'est vraiment formidable, il faut expliquer parfois aux nouveaux habitants le pourquoi de ce chant et chacun donne de bon coeur.

C'est le lundi de Pâques, à Notre Dame du Château qu'a lieu le partage de l'omelette pascale, tous les sorédiens y sont invités, nous en reparlerons...

 Arrivée des "goixaires" devant chez nous.

A la vostre porte en sem (2f)

Sem per darbos alegria (2f)

Si vetlleu o si dormiu (2f)

Si vetlleu jo m'esterie

Si dormiu jo m'en irie.

Nous avons droit à l'aubade, merci les amis...

(Nous sommes à votre porte, nous somme là pour vous donner la joie. Si vous veillez ou si vous dormez,

si vous veillez, je resterais, si vous dormez, je m'en irais.)  

Il est  une tradition, en pays catalan, qui consiste, le samedi avant Pâques, de passer dans les rues des villes ou villages en chantant "le goigs dels ous". Certains portent un grand panier '(cisteille) où les gens déposent des victuailles (charcuteries) et surtout des oeufs et de bonnes bouteilles.

Jérôme nous explique les origines de cette tradition qui nous vient de la nuit des temps.

"Dès le quatrième siècle les chrétiens mangèrent des oeuf et de volailles en carême ces derniers étant considérés comme des aliments maigres. Ils furent ensuite interdits jusqu'au 15ème siècle. Il se produisait à ce moment là une grande réserve d'oeufs et c'est là que naquit cette tradition qui se greffa à chaque fin de carême : Le samedi avant Pâques, les étudiants d'abord puis tous les jeunes gens s'assemblaient sur les places publiques dès que la nuit tombait, et là, au son des tambours et sonnettes, précédés de burlesques étendards, ils se rendaient à la porte des églises où ils étaient reçus par le clergé et aussitôt chantaient le chant des laudes.

Après quoi, ils se rendaient dans les rues pour la récolte des oeufs, cette quête était toujours accompagnée par des chants de Pâque. Dans les grandes villes et surtout à Paris ils étaient suivis pour leur sécurité par dix archers, une pique et une arquebuse. C'étaient souvent de grandes quantités d'oeufs qui étaient récoltés et distribués ensuite dans les hospices mais aussi devant les églises le matin de Pâques après les avoir coloriés de préférence en rouge.

Chez nous, on chante le cantique des oeufs "Goigs dels ous"" dans la nuit du samedi saint. Ce "goig" est en deux parties, la première dédiée à la vierge del Mont ou du monde, donc chant religieux, la seconde partie est un chant d'allégresse qui annonce la fin du carême.

A Sorède les chants étaient accompagnés par un instrument venant de l'invasion arabe, "la gratlla" de sonorité très aigue. Nos meilleurs joueurs de gratlla furent " Baldiri en Chill" puis Jean Bès ou "Jan d'Ourbou", le dernier fut le berger "Benture"  que découvrit notre regretté poète catalan Joan Sébastia Pons. 

Bentoure le joueur de gratlle