Le marchand de neige. J'ai pris les quatre dernières strophes.
LE MARCHAND DE NEIGE
Oui, c'est un muletier qui presque chaque nuit
Détache son mulet et le sangle sans bruit
Quand une étoile, la dernière tremble encore
Il s'élève par les ténèbres des sentiers,
Vers la haute montagne et les pales glaciers,
Que quelques lueurs d'aube hésitante colore.
Au bruit de la sonnaille allègre et des sabots,
il traverse des pâturages sans troupeaux
Il dépasse une cour à la barrière ouverte,
une ferme silencieuse avec des chars,
Le seau sur la margelle et les seigles épars,
Ou gisent les fléaux sur une aire déserte.
Loin des labours communs et de l'effort obscur
Il casse alors la neige aux coups de son pic dur,
Et la dépose à l'ombre au bord d'une fontaine
Mais comme elle fondrait par le sentier ardent,
Il mange son pain noir et songe en attendant,
Que la divine nuit rafraîchissante vienne.
Puis, quand s'est constellé le ténébreux azur,
Il redescend suivi du mulet lent et sûr
Qui secoue en marchant une sangle sonore
Et porte en translucide des blocs cristallisés
Des neiges de montagne où ne se sont posés
Que les pieds des oiseaux et celui de l'aurore.
Henri Muchart
Il est à remarquer que les puits de glace qui se trouvent dans la montagne de Sorède sont d'une époque assez reculée, certainement du 12ème ou 13ème siècle. Ils étaient la propriété des seigneurs qui en avaient
l'exclusivité, on observait donc une certaine propreté pour le ramassage de la neige qui s'éfectuait dans les hauteurs. Ajoutons que c'étaient les moines de Sainte Marie Madeleine de la Véda qui étaient chargés du ramassage étant très proches du Pic Néoulous.Quant au puits de glace du moulin Cassanyas ou Mas Frère, de construction plus récente était sans doute gérée par la commune qui l'avait en gérance, aussi on se montrait moins exigeant pour la qualité et la pureté de la neige qui se ramassait dans les environs du moulin Cassanyas on était déjà au seizième siècle.
Tous ces puits sont de manière générale construits en briques pleine "caïrous", en forme de cônes et surmontés d'une calotte sphérique assez semblable à celle du four à chaux.
Au sommet une ouverture permettait de verser la neige que l'on tassait bien soigneusement pour en faire un énorme bloc.
Dans le bas, se trouvait une porte qui en morte saison c'est à dire en hiver, était enterrée afin que l'air ne puisse pénétrer. Il se formait alors un bloc qui pouvait se conserver très longtemps puisque on était arrivé à garder une même glace pendant deux ans car il se trouvait aussi des années sans neige et cela était prévu.
Le propriétaire ou fermier du puits venait à la saison et suivant la demande , il débitait le bloc, soit à la pioche soit au maillet à fendre le bois et vendait la glace par livres, le plus souvent à la population des alentours. En cas de pénurie, le seigneur la gardait en exclusivité pour la population en prévision d'épidémie ou certains cas de maladie. La conservation de cette glace demandait des soins très particuliers et on allait la chercher sur les pics les plus hauts
Les puits étant très éloignés des villages, on utilisait des mulets qui portaient la charge de 220 kilos on la mettait dans un genre de cacolet ou les lièges étaient remplacés par des plaques en métal. Quand on manquait de mulets, c'étaient les hommes qui la portaient, ils utilisaient un système dont le principe est les sac de soldat, les courroies étaient remplacées par deux crochets en fer qui s'adaptaient aux épaules. Le dos était isolé de la glace par un vide entre une tôle et le dos, l'ensemble avait la forme d'une chaise sans pieds.
Petite enquête sur les puits de glace de Sorède par Jérome Margail.
Dans les premiers temps où les hommes rentrèrent dans ce que nous pouvons appeler une civilisation, certes tout à fait rudimentaire, l'utilisation de la glace était totalement inconnue.
Il faut dire aussi que ces derniers ne vivaient pas sur les grandes altitudes où se trouvaient les neiges éternelles et qu'ils vivaient dans la superstition. Pour eux, c'était un sacrilège de toucher de leurs mains et volontairement la glace.
Des siècles plus tard, ayant évolué dans tous les domaines, ils s'aperçurent que dans certaines crevasse et dans beaucoup de grottes qui sont à moyenne altitude, on trouvait de la glace et cela en toute saison.
Les eaux qui descendaient de ces grottes entraînaient aussi des morceaux de glace près de leur habitat qui se trouvait toujours près d'un cours d'eau.
L'utilisation de la glace était née comme rafraîchissant mais aussi ils reconnurent comme calmant dans des cas de maladies. De ce fait ces crevasses réserves furent protégées et très souvent, si l'été était chaud et sec, cette glace disparaissait, c'est de là qu'ils eurent l'idée de construire les premières réserves de glace ou "puits de glace"
Les plus grandes glacières naturelles et les premières utilisées en Europe se trouvent en Autriche mais les plus élevées sont dans les Pyrénées. Telle la grotte Casteret qui sur plus de dix kilomètres renferme des glaces fossiles. Dans de nombreux massifs montagneux il existe des puits de glace, c'est à dire des creux de rochers, des crevasse, des endroits où la neige ne voit jamais le soleil.
Au cours de randonnées en montagne, on passe à coté de ces puits sans y prendre garde, pourtant certains méritent toute notre attention.
El po de neu, també pou de gel.( le puits de neige mais aussi puits de glace)
La plupart de ces puits ont reçu la considération officielle de la carte d'état major. Nous trouvons tout un détail dans un journal de Céret qui nous signale un puits de glace au sud de Sorède.
Pour nous, sorédiens ce puits n'est pas un inconnu car il s'agit de celui du moulin Cassagnes, propriété de la famille Frère. La montagne de Sorède en possède quatre ou cinq de diverses dimensions.
Le village de Laroque a aussi des puits de glace en particulier celui qui se trouve aux environs du relais de télévision environ à 500 mètres du Pic Neoulous, à huit ou dix mètres de la route.
La plupart d'entre nous, résidents de Sorède, ne connaissent pas et n'ont jamais entendu parler de la place Saint Pierre, pourtant celle ci a bel et bien existé. Nous sommes en 1905, séparation de l'église et de l'état, le village est séparé en deux clans, les Républicains et les royaliste. Inutile de vous dire que ces deux groupes ne s'aimaient pas, impossible pour un garçon Républicain d'épouser la fille d'un royaliste, heureusement les mentalités ont bien changé.
1905, le conseil municipal de l'époque étant Républicain décida de changer le nom de la Place Saint Pierre qui existait depuis longtemps et de l'appeler "Place Emile Combe". Pour cela il fallait faire disparaître la statue du bon Saint Pierre qui se trouvait dans un renfoncement d'une façade de maison. Comment faire ?
Le conseil municipal décida à l'unanimité que Saint Pierre serait muré.
On appela un maçon qui le jour même mura avec des briques la belle statue en bois du portier du paradis.
Fut-il pris de remord ? toujours est il que pendant la nuit il eut un très fort mal au ventre, impossible à calmer et il demanda à sa famille d'aller vite délivrer Saint Pierre. Le firent-ils ? on ne sait pas mais s'ils l'ont fait , qu'est devenue la statue ? est-elle toujours dans la façade, murée on ne sais ou ? Qui pourrait répondre à cette question ?
La statue murée, on mit une belle plaque "Place Emile Combe" et devinez où ? je vous le donne en mille, sur la façade d'un royaliste..... Lui, royaliste pur, il devait supporter cette plaque, il fallait trouver quelque chose et il trouva, "Eurêka" Il mit tout simplement une vieille casserole pendue près de la plaque, à sa fenêtre. Pourquoi ? Les jeux étaient rares à l'époque et les enfants en sortant de l'école, voyant cette casserole pendue la visaient et lançaient des cailloux dessus, la plupart du temps, ils la rataient et touchaient la belle plaque toute neuve....
Réunion spéciale du conseil municipal : Il fut décidé que les maîtres et maîtresses devraient accompagner les enfants à la sortie de l'école jusqu'au Pont, afin de préserver la plaque, chose que les instituteurs furent obligés de faire afin de calmer les esprits....
Aujourd'hui la place Combe est aussi la place du Marché, Quand j'y passe, je ne peux m'empêcher de penser à cette petite histoire qui fait partie de la grande histoire. A demain.....
Un simple petit poème aujourd'hui, j'espère que les catalans l'aprécierons, rose orangée, mélange de sang et d'or, notre blason.
LA ROSE ORANGEE
Longtemps après la création du monde,
Lorsque les continents formèrent les nations,
le créateur jugeant que la terre était ronde
Pour son oeuvre maîtresse créa le Roussillon.
De ce jour là naquit n'en déplaise au profane
La race de chez nous, la fille catalane.
Ses lèvres de carmin portaient la belle rose
De couleur orangée, cela je le suppose
Son visage adorable et toujours souriant
Elle incarne pour nous notre écu catalan.
Pour nous, le bon génie reste avec nous sans trêve,
Perfectionne, embellit, tel est sa grande mission
Fait l'Albère bleutée dans un décor de rêve,
Les Corbières lointaines terminent l'horizon.
A Perpignan, il donna sur une belle place
La Vénus de Maillol, symbole de la race.
Il nous donna aussi la Méditerranée
Pour y placer Collioure et son clocher typique,
Autour de son vieux port que firent les Templiers,
Nous amenant de Grèce une danse mystique,
Que depuis ce temps là le pays catalan
Aux accords de la cobla rythme les mouvements.
Son esprit généreux fit naître la Cerdagne
Mont Louis, Saillagouse, le riche Font Romeu,
Il créa Bourg Madame pour qu'il nous accompagne
Vers nos frères victimes d'un traité malheureux.
Malgré tout nos voisins restent avec nous unis,
Dans ce riche folklore que beaucoup nous envient.
Et comme apothéose ce vaillant, cet ami,
Pour que cette union reste toujours chez nous,
Plaça dans un écrin, au centre du pays,
La plus belle montagne, notre grand Canigou.
C'est depuis ce jour là qu'un coeur de catalan
Reste toujours fidèle malgré l'envol des ans.
Nous garderons pour nous cette fleur, cette rose
Et sa teinte dorée, dans nos lèvres mi closes,
Qui nous donna l'écu qu'il signa de son sang
Guillaume le poilu, valeureux combattant.
Sorède le 14-3-1973 Jérome Margail
Le récit suivant nous décrit la grande ferveur que les sorédiens ont pour l'ermitage de Notre Dame du Chateau. Il ne fait aucun doute que les diverses opinions politiques de toute personne de Sorède s'efface quand il s'agit de ce site où règne la madone plusieurs fois centenaire.
L'affaire de Jean Simon qui est un nom d'emprunt fut contée à Jérome Margail par une femme déjà vieille à l'époque, cette personne presque aveugle avait une mémoire à toute épreuve et l'histoire qu'elle lui conta s'était passée dans sa jeunesse. Elle s'appelait Marie Gineste mais était plus connue sous le surnom de Maria Pirière, elle allait dans les maisons et tricotait des chaussettes pour les gens, en échange on lui donnait sa nourriture journalière.
Dans les années troubles qui précédèrent la révolution de 1848, on s'intéressait beaucoup plus à la politique qui disait on porterait un bien être jamais connu pour le pays. Les affaires intérieures étaient tout à fait secondaire, c'est ainsi que Jean Simon faillit perdre la tête dans le vrai sens du mot. Ce dernier fut arrêté pour avoir frappé à mort pour le voler un certain marchand qui passait facilement de France en Espagne où il pratiquait un commerce louche de bijoux. Avant de rendre l'âme, il put donner le nom de Jean Simon à ceux qui l'avaient trouvé agonisant sur le chemin.
Jean fut placé en incarcération, jugé à Perpignan et condamné à mort par la décapitation; tout cela sans chercher à connaître le fond de l'affaire. En attendant le jour fatal, le pauvre homme dans sa prison , moisissait dans sa cellule, il était pratiquement oublié.
Il avait toutefois la faculté de pouvoir causer avec son gardien qui lui passait le journal "L'indépendant" récemment créé à Perpignan par un jurassien Pierre Lefranc. Le geôlier pensait que Simon était innocent du crime dont on l'accusait et voyait en lui une grave erreur judiciaire.
Le jour où les juges décidèrent de faire exécuter la sentence, le gardien fut bien embarrassé pour trouver une excuse afin de ne pas prêter le journal à celui qui s'y trouvait en vedette.
L'exécution devait avoir lieu dans les cinq jours après la parution dans le journal afin que le public puisse assister au triste spectacle.
Devant l'attitude du gardien, l'infortuné condamné se douta que ses jours étaient comptés et il fut plongé dans un grand désespoir. Tombant à genoux au milieu de son cachot, en pleurant il invoqua la vierge du Castell en ces termes : " Mère de Jésus, mère des Hommes, faites moi justice, faites découvrir le vrai coupable du crime dont on m'accuse....Je vous promet Vierge du Castell que si mon voeu est exhaussé, je monterai vers votre sainte demeure, les pieds nus, un cierge allumé à la main, je promets aussi de baiser la terre arrivé à la chapelle du Chris et enfin de partir sur les genoux jusqu'au devant de votre sainte image. Mère de Dieu, ne m'oublie pas."
Deux jours plus tard, le véritable assassin du marchand fut arrêté dans des circonstances qui tiennent du prodige. Il avait le même nom que Jean Simon et après son crime était parti en Espagne d'où il revint aprés avoir lu l'information donnée par le journal qu'il se procurait chaque fois qu'il en avait les moyens ; pensant qu'il ne risquait plus rien il était revenu en France où il fut reconnu.
Jean Simon, l'innocent, fidèle à sa promesse, par un matin frais de novembre 1847, les pieds nus, un cierge allumé à la main, monta par le dur sentier en récitant son Pare Nostre. Il s'inclina devant la chapelle du Christ ouverte pour lui, baisa la terre du domaine de Marie et sur les genoux termina son chemin. Il fit son entrée dans la chapelle où la vierge l'accueillit avec son mystérieux sourire. Jean Simon s'inclina, remercia à haute voix et tomba dans un sanglot sur les briques rouges qu'il ne pensait plus jamais revoir.
Malheureusement toutes les erreurs judiciaires ne se terminent pas aussi bien et combien de malheureux ont payé de leur vie cette injustice.
demain, ce sera une autre histoire......
Né en 1906 la veille de Pâques, il est décédé en 1986, la veille de Noël à Sorède.
C'était un homme qui aimait beaucoup la nature, les plantes, les animaux, c'était un poête, il écrivait tout ce qu'il savait sur Sorède et le pays catalan, pays qu'il aimait, village qu'il adorait. Il ne quitta son village que pour faire son service millitaire et pendant la guerre de 1939, pour rien au monde il n'aurait voulu quitter Sorède. Amoureux des vieilles pierres, de son patrimoine, il a passé des heures aux archives de Perpignan ,amoureux de cette langue catalane qu'il pratiquait toujours.
Jérôme était mon papa, il m'a laissé en héritage tous ses écrits et ses poêmes que je veux partager avec vous aujourd'hui.
Avec lui, nous rencontrerons le berger Manel, nous visiterons les puits de glace, nous chanterons" le goig d'els ous", nous gravirons les rochers d'Ultréra sur les traces du roi Wamba, nous rendrons visite aux seigneurs de Sorède, nous irons voir le premier four solaire au Coll del Buc avec le Padre Himalaya, nous visiterons Sorède dans tous ses petits recoins. Tout cela agrémenté de quelques petits poèmes.
A bientôt mes amis.....
1. freedo le 07-10-2008 à 19:35:16 (site)
au!!! ton pére il porte toujour son chapau sur la tète ces pas possible!!!!!
marine
Toutes ces histoires peuvent aujourd'hui nous paraitre bien puériles et naïves mais il faut dire qu'elles se sont passées à la fin du 19ème et début du 20ème siècle. A l'époque , on ne brulait pas encore les sorcières mais chacun croyait à leurs maléfices et on se méfiait des vieilles personnes un peu bizarres.Un vieux dicton catalan nous dit " S'il pleut et fait soleil en même temps, les sorcières se coiffent" malheur à la femme qui se peignait à ce moment là....
J'ai connu il y a bien longtemps une vieille dame que l'on disait sorcière, une amie m'avait dit "Méfie toi de cette personne, c'est une sorcière, je l'ai vue lire un livre à l'envers", voyez, il suffisait de bien peu de chose pour être catalogué.
Pourtant moi, je l'aimais bien Anna, je la vois encore faire son marché avec son cabas et s'aidant d'un bâton pour marcher. Je lui parlais souvent, je devais avoir une douzaine d'années et j'avais remarqué qu'elle avait de magnifiques yeux bleus, très doux. Elle ne me faisait pa peur, loin de là, plus tard, j'ai appris qu'elle avait eu un très grand malheur dans sa vie, elle avait perdu sa fille, sa seule enfant et ne s'en était jamais remise.
Au fait, vous avez lu la collection des "Harry Potter ?"
L'histoire qui suit ne s'est pas passée à Sorède ni a ses alentours, elle fut contée à Jérome Margail par un ami, lui aussi disparu. Je laisserai Jérôme vous narrer cette histoire, il raconte si bien.
La sagalle était connue dans ce petit village qui sépare les montagnes arides du Val d'Aspre avec celles du Conflent. Quand on parlait d'elle, on le faisait à voix basse en ayant soin de regarder si elle ne sortait pas de quelques coins à l'improviste.Certaines personnes, faisaient un signe de croix en la voyant approcher, d'autres faisaient la "figue" , signe qui consiste à placer son pouce entre l'index et le majeur de la main gauche.
Elle était considérée comme une jeteuse de mauvais sorts et pouvait donner des maladies de la peau.Certains affirmaient l'avoir vue chevaucher un manche à balai pour se rendre au sabat dans la vallée du Boulès.Le barbier du village, homme sympathique et enjoué aimait fureter et connaitre tous les cancans du village, bien sûr il connaissait la Sagalle mais il était incrédule sur les pouvoirs de la jeteuse de sorts.
Ce brave perruquier de campagne portait le nom de Sermita et avait une famille de 5 enfants, ce qui était sa joie mais qui lui donnait parfois quelques soucis pour arriver à nourrir toutes ces bouches qui réclamaient toujours de la nourriture.
Sa femme, très bonne cuisinière l'aidait beaucoup dans ses travaux des champs.Chaque habitant du village possédait une chèvre qui par son lait était l'appoint pour les petits déjeuners des enfants et en même temps, donnait un chevreau qui procurerait un petit festin.
Sermita avait aussi sa bonne chèvre qui avait donné un magnifique cabri et notre perruquier pensait déjà au jour de cette fête qui ne saurait tarder.
Ce jour là arriva enfin et le boucher ayant tué le chevreau il fut remis pantelant et saignant à notre barbier pour le ramener à la maison. Il pensait déjà au bon rôti et au délicieux ragoût que sa femme allait préparer.Parti dans ses réflexions, le brave homme n'avait pas vu "la sagalle" qui marchait près de lui et qui lui dit : " Sermita, Sermita, il faut que tu me vende un gigot de ton joli chevreau"
Il se contenta de lui répondre "Ce que tu me demande est chose impossible, il me le faut bien pour mes enfants, ma femme et moi même, ce sera pour nous tous le meilleur repas de l'année. "
La réplique de la sorcière tomba brutale, dans un rire méprisant qui laissa voir deux longues dents déchaussées mais pointues dans sa bouche. Elle lança sa cruelle sentence "Puisque il es chose impossible pour toi de me vendre un gigot, il te sera aussi impossible de pouvoir y goûter, cette viande ne sera pas pour toi"
Il ne crut pas un mot de ce qu'il venant d'entendre t continua son chemin en sifflotant mais au bout d'un moment un violent et terrible mal au ventre se déclara et rentré chez lui, il se mit au lit et y resta toute la journée dans une grande souffrance. Celle ci se calma lorsque le dernier morceau de viande fut mangée par ses enfants.
Depuis bien des années, la Sagalle, la maudite sorcière est sûrement aux enfers. Ceux qui l'avaient connue et lorsque souffle dans les soirs d'hiver cette froide tramontane qui semble gémir sur les volets des maison, ne peuvent s'empêcher de dire "Écoutez, la Sagalle gémit, elle es bien dans les tourments et n'a plus de repos et demande également pardon pour ses méfaits.
Mais la Sagalle ne se calmera que lorsque le monde disparaîtra......
Décembre 1963 J. Margail
Je laisse encore la parole à Jérome Margail pour nous raconter cette histoire.
Cette aventure que je qualifierai de dantesque eu lieu vers la fin du 19ème siècle et se déroula dans les mêmes parages que l'histoire del Charman.
Jean del Rost était aussi ouvrier fouetiste , sa femme Guidette l'aidait à raboter, torsader ce bois souple du micocoulier qui était le gagne pain de la majeure partie des habitants.Un soir de novembre,un homme vint le voir , il lui proposa une excursion en montagne pour la nuit suivante, cet homme là, on le disait sorcier et avait le surnom de "el brouchot".
Jean accepta l'invitation afin de ne pas être traité de poltron mais surtout parce l'homme lui dit qu'ils allaient chercher un trésor, des louis d'or cachés dans un vieux corral ( bergerie) d'un mas inhabité et en ruines.
Ecoutons plutot Jean qui va nous dire comment il vécut cette fameuse nuit, dans cette partie de montagne situé entre la Vallée de Lavail et la tour de la Massane.
"La nuit était déjà bien avancée et nous marchions en silence dans les mauvais sentiers éclairés seulement par la pleine lune. Au bout de deux heures de cette pénible marche, nous atteignîmes cette masure de pierres qui était autrefois une métairie où bien des générations s'étaient succédées au milieu d'un troupeau de chèvres, vivotant dans ces maigres pâturages où l'eau était aussi rare.
Il nous suffit de pousser une porte pourrie pour qu'elle tombât et nous pénétrâmes dans ce qui fut la bergerie.
Nous avions dans nos sacs une petite lanterne (fanal) à bougie qui nous donnât un peu de clarté. Nous nous mimes donc au travail d'explorer, remuant de nos mains un entassement de bois et à la pioche toute une semence de pierres qui formaient le sol de l bergerie.
Cela dura longtemps, j'étais à l'écart de cet éclairage qui nous donnaient des formes fantomatiques quand je vis devant moi une chose horrible qui me fit reculer et dresser les cheveux sur la tête. Devant moi, les yeux en feu du brouchot semblaient sortir de ses orbites, sa bouche grimaçante me cria "Sauve toi ou gare à tes pieds" et je vis des milliers de scorpions s'avancer vers moi prêts à me piquer.
Je ne pus que murmurer ces mots "canaille tu m'as eu". Et lui dans un rire démoniaque éteignit le petit falot en disant " Tu as failli mettre la main sur le fameux magot mais il n'est pas pour toi, viens, il est temps de partir car ils ne vont pas tarder." Nous quittâmes donc ces lieux pleins de mystères où je me jurais de ne plus jamais revenir.
Ce fut une descente vers le monde du réel mais au lieu de prendre les sentiers qui mènent dans le domaine du fouet, je me rendis compte au dernier moment que nous étions aux premières maisons d'Argelès.
Tout à coup, je vis une grande clarté surnaturelle qui m'éclaira comme en plein jour et venant de la direction de Collioure, un riche carrosse tiré par des chevaux d'un noir d'ébène passa devant moi. Le brouchot avait disparu mais du carrosse sa voix se fit entendre il me cria "Merci pour l'or que j'ai retrouvé grâce à toi" et l'attelage disparut avec la mystérieuse lumière.
Je suis revenu dans le réel des choses quand les cloches d'Argelès égrenèrent les douze coups de minuit par le martellement lent et lugubre sur les cloches bénies.
Novembe 1963 J. Margail
Andreu pratiquait aussi le braconnage mais d'une façon très experte et il savait mettre en boite les meilleurs dans ce genre de travail. Personne ne se serait permis de le suivre pour connaître sa façon de pratiquer et cela par peur qu'il ne lui arrive un grand malheur.
Les gens aisés, cafetiers et aubergistes venaient souvent faire appel à ses services car ils étaient surs d'avoir la marchandise à l'heure voulue
Certains affirmaient que el Carman pouvait être à deux endroits en même temps, c'est à dire dans son atelier et tirer des perdrix à quatre lieus de distance.
Pourtant un jour Andreu eut une grande frayeur, je lui laisse le droit d'en expliquer le motif. " J'étais parti au soleil couchant comme par habitude et marchais très vite pour me mettre à l'abri aux aguets dans un coin que je m'étais fixé pas bien loin de la tour de la Massane. Étant très fatigué je ne pus résister au sommeil et m'assoupis tout près d'un hêtre aux branches rabougries. Je ne puis dire combien de temps je dormis quand une chose des plus étranges se produisit.
D'abord un bruit insolite fit que j'ouvris les yeux et je vis à quelques pas de moi une ronde de magnifiques lapins en train de danser la sardane sans la moindre peur de ma présence. Je pris mon fusil et m'apprêtais à tirer dans cette ronde, ce que tout chasseur aurait fait. C'est alors qu'une chose incroyable se produisit, un magnifique lièvre qui se trouvait derrière moi, les oreilles dressées me toucha le bras et me dit en catalan ; " Andreu, Andreu, i a temps qu'els altres en passat ?" (André, André, il y a longtemps que les autres sont passés ?)
Le fusil me glissa des mains et je ne le repris de terre que lorsque lapins et lièvre eurent disparus des parages avec un vacarme infernal.Je quittais vite ce coin maudit d'où je ne pensais jamais revenir bredouille.Je repris le chemin du retour , la lune semblait jouer à cache cache avec les nuages ce qui rendait encore le sentier plus pénible.Près de la tour de la Massane, le chant lugubre d'une chouette me tiras de l'infernale rêverie et me jetas dans le dos une sueur froide. Je quittais ces diaboliques parages en me jurant de ne plus y revenir."
El Charman repose depuis bien des années dans notre cimetière et les personnes qui l'ont connu disent encore de lui qu'il possédait le don de vous rendre très heureux mais aussi très malheureux.
J'ai connu cet homme étant moi même très jeune alors que lui était un vieillard .
Une grande sympathie se dégageait de lui aussi j'aimais beaucoup lui tenir compagnie, assis à ses cotés et je le vois encore devant s a maison traçant des demi cercles sur la terre avec son bâton de micocoulier.
Octobre 1963 J. Margail
Dans mon jeune age, j'ai souvent entendu parler d'El Charman, on disait qu'il était le septième enfant male d'une même famille et que étant le septième il avait un don. Il avait soit disant une croix sur son palais et qu'il guérissait les gens en passant son doigt sur cette croix et en touchant le malade.
On raconte aussi qu'un jour un chien enragé courait comme un fou, traversant le pont, el Charman alla au devant de lui, leva la main et le chien vint se coucher à ses pieds où on l'abattit. Laissons parler Jérome Margail, il l'a connu autrefois dans sa jeunesse.....
El Charman
" Je me souviens avoir connu il y a très longtemps dans ce petit coin des ruines d'Ultréra un petit vieux qui malgré son grand age était d'une remarquable lucidité.
Son prénom André ou Andreu (en catalan) on le surnommait EL CHARMAN.
Pour certains, il était l'homme dont on doit se méfier, on le disait même sorcier.Pourtant ce brave Andeu n'avait pas son pareil pour bien des choses, et malgré une instruction tout à fait sommaire, personne ne pouvait rivaliser avec lui pour les chants latins et l'église du villge avait avec lui le meilleur de ses chantres.
Il n'avait pas son pareil également pour soigner par de prières spéciales (conjours)ou incantations.
De son métier, il était ouvrier fouettiste à l'usine de fouets Massot, on le disait très adroit et leste pour la fabrication des fouets et cravaches.
Je crois que c'est de là que partit cette réputation de sorcier (brouxot). On disait que son établi était magique, il s'y trouvait un trou qui dans la journée était bouché et invisible mais que dans la nuit, Andreu libérait de ce trou une bande de nains ou (samiots) qui travaillaient les fouets en véritable petite usine et le travail terminé les dits"samiots " regagnaient la cachette sans laisser aucune trace.
Les soirs d'étés, quand j'étais enfant, tout le monde sortait devant sa porte avec une chaise et "on prenait le frais" comme on disait à l'époque. On appelait ça faire le "rail". Maintenant, bien sur nous avons d'autres occupations, télévision, ordinateurs dont nous nous passions volontiers puisque nous ne connaissions pas.
Nous, les enfants, nous jouions à cache cache, au chat et à la souris, à colin maillard mais quelquefois nous nous rapprochions des adultes quand ils racontaient des histoires. c'était toujours des histoires qui faisaient peur, histoires de loups, de fantômes, Thérèse, notre voisine n'avait pas sa pareille, quand elle racontait une histoire, nous nous asseyons par terre oreilles, yeux et bouche ouverte et on ne perdait pas une parole.
C'étaient toujours des histoires qui finissaient bien mais tout de même, avant de m'endormir je regardais toujours sous le lit au cas ou un animal se serait caché.
On racontait aussi des histoires de sorcières et de sorciers et là croyez moi nous étions terrorisés,il n'y avait pas d'interdiction aux - de 10 ans à l'époque.
demain je vous raconterai une de ces histoires que notre poète Jérome Margail avait noté dans ses écrits, l'histoire de "el Charman", le charmeur en français . En attendant dormez bien, bonsoir.....
Commentaires
1. flu games12 le 30-06-2012 à 09:01:55
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